Dans
la petite ville tranquille de Tarteville, le quotidien des habitants
tournait autour d’un seul événement
majeur: le
grand concours annuel de mangeurs de tartes.
C’était bien plus qu’une simple
compétition;
c’était un spectacle grandiose où la
crème
de la société locale venait s’affronter
dans des
batailles épiques de gourmandise.
Le champion incontesté depuis cinq ans
n’était
autre que Pataque, le fils du maire Tocson,
célèbre pour
son incroyable capacité à avaler quarante-deux
tartes en
une seule séance.
Cette performance faisait de lui le héros local, et personne
n’osait imaginer qu’il puisse être
détrôné.
Un jour la famille Latire débarqua en ville.
Leurs valises à peine posées, leur fils, Ti-Guy,
attira
immédiatement l’attention. Ti-Guy était
le genre de
garçon à qui la malchance collait à la
peau.
Si une tuile devait tomber, elle tomberait sur lui.
Sa première journée à Tarteville fut
un enchaînement de mésaventures.
D’abord, il se fit courser par une vache en furie.
Puis, il tomba dans l’étang de la place, effrayant
une
nuée de canards qui lui firent une attaque en
piqué.
Enfin, pour clore le spectacle, le maire Tocson lui-même, en
pleine démonstration de lancer de tartes, lui envoya
accidentellement une pâtisserie en pleine figure.
"Bienvenue à Tarteville!" s’était
exclamé le maire Tocson, tout sourire.
Mais Ti-Guy, essuyant la crème de ses yeux, soupira,
"Exactement ce qu’il me fallait. Un autre jour, une autre
catastrophe."
Un soir, le perroquet de Ti-Guy, un oiseau rusé et bavard
nommé Y Crifort, fit une découverte
étonnante dans
la vieille bibliothèque de la ville: une recette de tarte
oubliée depuis des décennies.
Ce n’était pas une recette ordinaire; il
s’agissait
de la fameuse "Tarte du Pouvoir", une tarte mythique dont on disait
qu’elle conférait à son mangeur des
compétences inégalées en
compétition.
"Oh yé!" s’écria Y Crifort depuis sa
cage, agitant fièrement le parchemin.
"Tarte du Pouvoir!"
La nouvelle se répandit à la vitesse de
l’éclair.
Les habitants, terrifiés à
l’idée que cette
recette tombe entre de mauvaises mains, commencèrent
à
échafauder toutes sortes de théories
complotistes.
Convaincus que la recette allait ruiner le concours de tartes, les
Latire engagèrent Atticus Pinson, l’avocat
excentrique et
flamboyant de Tarteville, connu pour ses plaidoiries
théâtrales et son talent pour transformer
n’importe
quelle situation banale en véritable scène
dramatique.
"Maître Pinson!" supplia Mme Latire, paniquée.
"Vous devez nous aider à protéger cette recette!
Si quelqu’un l’obtient, ce sera la fin de notre
concours bien-aimé!"
Atticus répondit avec assurance: "Chère dame, je
défendrai cette recette avec toute l’ardeur et la
passion
dont un avocat peut faire preuve!
Tarteville ne sombrera pas dans le chaos pâtissier tant que
je serai là."
Accompagné de sa fille astucieuse Scoute et de son ami
Justin,
Atticus se lança dans une enquête rocambolesque.
Leur périple les entraîna dans des situations plus
absurdes les unes que les autres: des duels de lancer de tartes, des
batailles contre des écureuils chapardeurs, et
même un
épisode où ils se retrouvèrent
coincés dans
un moule à tarte géant en plein milieu de la
foire
annuelle.
Partout où ils allaient, la confusion régnait et
la ville était en ébullition.
"Ces écureuils sont clairement en train de comploter,"
affirma
Scoute, en tentant de se débarrasser de la pâte
collée à ses vêtements.
"Peut-être qu’ils veulent contrôler
l’approvisionnement en tartes!"
"Ou alors, ils aiment juste vraiment beaucoup les desserts,"
répondit Justin en léchant la crème
pâtissière sur ses doigts.
Malheureusement, la tension monta d’un cran lorsque les
habitants
commencèrent à soupçonner les Latire.
On accusait Ti-Guy de vouloir utiliser la Tarte du Pouvoir pour
détrôner Pataque et s’emparer du titre
de champion
de manière déloyale.
Bien sûr, personne n’avait de preuves, mais la
réputation de poissard de Ti-Guy suffisait pour faire de lui
le
coupable idéal.
Les rumeurs enflaient, et bientôt, tout le monde ne parlait
plus que du "complot Latire".
"Pourquoi tout le monde pense toujours que c’est ma faute?"
se
lamenta Ti-Guy, englué dans une tarte géante.
"Je voulais juste être un gars normal…"
Cependant, le grand dévoilement se produisit lorsque Atticus
et
son équipe mirent au jour la vérité.
Le véritable cerveau derrière tout ce chaos
n’était autre que le maire Tocson.
Celui-ci avait mis en scène toutes ces distractions pour
détourner l’attention de son propre plan
machiavélique: utiliser la Tarte du Pouvoir pour devenir un
champion éternel, s’entraînant en secret
dans un
camp d’entraînement à manger des tartes
caché
dans son sous-sol.
Dans une scène de tribunal mémorable, Atticus
dévoila avec grandiloquence les manigances du maire.
"Citoyens de Tarteville!" proclama Atticus, pointant dramatiquement son
doigt en direction du maire.
"Voici l’homme qui a mis notre ville sens dessus dessous pour
satisfaire son appétit insatiable de gloire
pâtissière!"
Le maire Tocson, pris sur le fait, tenta de se défendre.
"Je voulais seulement que Tarteville soit la capitale
incontestée de la tarte!" protesta-t-il, le visage couvert
de
miettes.
Atticus sourit et répliqua:
"Les meilleures tartes ou le meilleur titre de mangeur de tartes?"
Le tribunal éclata de rire tandis que Tocson
était
officiellement accusé de "Tar-te-napping" et de
"Tar-te-dling",
des crimes consistant à voler des recettes et à
engloutir
des tartes avec une avidité démesurée.
Finalement, la ville comprit qu’il ne fallait pas juger trop
vite sur des apparences ou des rumeurs.
Ti-Guy fut innocenté et devint le goûteur de
tartes
officiel, une position honorifique qui le tenait à
l’écart des ennuis.
Quant à la Tarte du Pouvoir, elle fut enfermée
dans un
coffre caché sous une montagne de tartes ordinaires,
surveillée jour et nuit par Y Crifort, qui ne cessait de
répéter "Tarte du Pouvoir!"